Test Shanling M30 : un baladeur audiophile géant et modulaire, véritable OVNI de l’audio !
Le test de cette semaine va envoyer du lourd. En effet, j’ai eu l’occasion de prendre en main le Shanling M30 durant plusieurs jours. Vendu comme un baladeur audiophile modulaire, cet appareil n’a aucune véritable concurrence sur le marché tant son concept est atypique. À la croisée des chemins, entre DAP et amplificateur, mais aussi streamer polyvalent, le Shanling M30 ratisse large en termes de fonctionnalités. Voyons maintenant si les promesses sur le papier sont bien tenues dans la réalité.
Les constructeurs se lâchent dans le très haut de gamme. Sony avait défrayé la chronique avec son baladeur audiophile DMP-Z1 (9000€ quand même…), véritable char d’assaut de l’audiophilie. Shanling s’attaque au même marché, avec un prix bien plus contenu et surtout un concept bien plus fort mettant en avant la modularité.
Pour résumer, presque toutes les parties du Shanling M30 peuvent être changées. Ça va du module d’écran au module d’amplification en passant par la batterie. Le constructeur chinois veut faire de sa plateforme un appareil durable et personnalisable à l’envie.
Inutile de dire que j’ai été particulièrement emballé par le concept lors de sa présentation en milieu d’année 2021. Imaginez un peu : une base bourrée de connecteurs pour casques, enceintes et platines. En quelques coups de tournevis vous pouvez changer l’ampli, ou mettre de nouveaux tubes, voire changer l’écran/OS avec un modèle plus moderne. Ça donne envie !
Note : le Shanling M30 présenté dans cet article m’a été prêté par Ming de Recycle-Hifi, que je remercie chaleureusement. Je ne touche aucun argent de la part du constructeur. La seule source de revenus de ce site est générée par les liens d’achat affiliés proposés dans ce test.
Shanling M30 : spécifications techniques
Lors de votre achat, le Shanling M30 est fourni avec un attirail très complet. Le baladeur audiophile XXL est donc opérationnel dès l’ouverture de la boite, vous n’avez pas à investir dans chaque composant séparément.
Voici ce qui vous attend du côté de la fiche technique :
- Module de contrôle : Écran tactile 6’’ IPS – 1920 x 1080 px / SoC Qualcomm Snapdragon 430 / 4 Go RAM / 32 Go de stockage interne / Android 7.1 modifié
- Module DAC : AK4497 x2 + TI OPA 1662 x2
- Module amplification : ADI ADA4610-2 x2 + TI BUF634 x4
- Module batterie : 16500 mAh
- Module tube : Korg NuTube 6P1 x2
- Sorties casque : 3.5 mm et 6.35 mm asymétriques / 2.5 mm, 3.5 mm, 4.4 mm et XLR symétriques
- Sorties analogiques : RCA et XLR
- Entrées analogiques : RCA
- Entrées numériques : coaxiale, optique, USB-A x2, USB-B, USB-C, Ethernet RJ45, micro-SD
- Décodage : PCM jusqu’à 32 bits/768 kHz, DSD512 et MQA
- Bluetooth bi-directionnel et Wi-Fi 2.4/5 GHz
- Gestion DLNA, NAS, AirPlay, transfert de fichiers sans-fil
- Dimensions : 213 x 258 x 50 mm
- Poids : 3 kg
Sacrées specs, n’est-ce pas ? Le Shanling M30 ne fait pas dans la dentelle et nous offre un bon paquet de possibilités, en particulier pour l’écoute au casque. Mais il va plus loin que le simple DAP grâce à sa connectique très vaste qui lui permet d’officier en tant que streamer, DAC USB, pré-amplificateur… L’engin se veut hyper-polyvalent.
Prix
Vous vous en doutez, le Shanling M30 n’est pas le plus abordable du marché, du moins si on le compare aux baladeurs numériques de taille plus classique. En revanche, il n’est pas si onéreux que ça si on prend en compte son aspect tout-en-un.
Le prix de base de l’appareil est fixé à 3599€. Ce tarif comprend pas mal de choses : la valise de transport avec les outils de démontage, un chargeur, un support pliable, un adaptateur USB pour micro-SD et bien entendu le M30 avec tous ses modules.
Sachez que depuis sa sortie officielle, le streamer chinois a reçu la possibilité de changer la partie amplification, avec un nouveau plug-in commercialisé à 599€. La marque a aussi annoncé la possibilité de commander l’appareil complet avec cette nouvelle amplification à 3899€, mais je n’ai pas trouvé de revendeur qui propose cette configuration en France.
Shanling M30 d’occasion
Le Shanling M30 que vous découvrirez dans ce test m’a été envoyé par Ming, de Recycle-HiFi. Je vous présente son concept de reprise de matériel audio en détail dans mon test du Focal Celestee.
Sachez juste que le M30 présenté dans ces lignes est en vente en occasion. Il est parfaitement fonctionnel et en excellent état. S’il vous intéresse, n’hésitez pas à contacter Ming aux coordonnées indiquées sur la photo ci-dessous. Il se fera un plaisir de vous conseiller et même échanger du matériel pour diminuer le prix du Shanling M30 !
Packaging
Il est temps de déballer le Shanling M30 !
La marque asiatique met les petits plats dans les grands avec son packaging. Le streamer modulaire est ainsi fournit dans une valise en métal très classe. Cette dernière facilite grandement le transport de l’engin qui pèse pas moins de 3 kg.
Les compartiments en mousse rigide contiennent aussi toute une pléthore d’outils pour le changement des modules : un tournevis avec trois têtes, une ventouse, des gants anti-statique, deux vis de retrait et un manuel. N’oublions pas un câble USB-C et un adaptateur USB pour loger une carte micro-SD.
Design et finitions
En furetant sur le site officiel de Shanling, on constate que le M30 est classé dans la catégorie des baladeurs audiophiles. Dans l’absolu, pourquoi pas ? Il est vrai qu’il est parfait pour l’écoute au casque, il tourne sous Android et peut être transporté.
Sauf qu’on transporte alors un engin de 3 kg, ce qui est loin d’être « portable » comme un DAP classique. Parlons plutôt d’un appareil « transportable », sorte de lecteur tout-en-un semi-sédentaire. Le Shanling M30 sera plus facile à changer de place qu’un streamer classique dépendant d’une prise secteur. Mais il est clair que vous ne l’embarquerez pas pour une session de footing !
Modules
De base, le Shanling M30 est fourni entièrement monté. Vous n’avez donc qu’à régler la langue, connecter votre source et faire chanter l’engin, comme un baladeur audio classique.
Mais si vous acquérez un jour d’autres modules, un peu d’huile de coude sera nécessaire. Le démontage reste cependant très simple. Il suffit de défaire les vis à l’arrière du M30, de retirer l’add-on à changer, de positionner le nouveau et ensuite de revisser le tout.
Vous ne pouvez pas vous tromper de sens, les connecteurs sont placés de telle sorte que chaque module a sa place désignée. Vous ne pouvez donc pas changer la partie écran pour la placer en bas par exemple.
Que penser du concept modulaire ?
Je me permets une petite digression concernant ces fameux « add-on ». Pour ma part, je trouve que ce concept a vraiment du potentiel. À partir d’une base solide, Shanling peut ajouter autant de modules qu’il veut. On peut imaginer dans le futur un nouvel écran AMOLED avec un SoC plus puissant, une batterie de nouvelle génération plus costaude, une meilleure connectivité avec du Bluetooth LE Audio, etc…
Il y a un potentiel infini pour le Shanling M30. Reste à voir si la marque va jouer le jeu dans les années à venir. Pour le moment, elle n’a produit qu’un seul module depuis la sortie officielle du M30 l’an dernier. Et son prix reste assez élevé…
Il est assez difficile de savoir quel avenir aura le Shanling M30. Sera-t-il abandonné sur le bord de la route avant la fin d’année ? Ou au contraire pourra-t-il nous accompagner durant plusieurs longues années, avec des améliorations régulières, aussi bien logicielles que matérielles ?
Connectique
Abordons maintenant la connectique. De ce point de vue, il sera difficile de reprocher quoi que ce soit au M30 tant il est bien fourni.
La façade avant est taillée pour les casques audio et écouteurs intra-auriculaires. Il y a de tout : du symétrique, de l’asymétrique, du petit 2.5 mm, du XLR… Vous pourrez brancher n’importe quel casque du marché sans aucun souci. Il y a même du 3.5 mm symétrique, ce qui est très rare.
Au dos, c’est aussi la folie : XLR, RCA In et Out, USB à gogo, optique, coaxial… Outre les casques et intras, le Shanling M30 est une véritable plateforme pour brancher enceintes, platines, amplis et autres appareils audio de qualité. C’est bluffant compte tenu de sa taille finalement assez réduite.
Petit point noir pour le port micro-SD : il est intégré au module d’écran. Il faut donc tout démonter pour brancher la carte mémoire, ce qui est loin d’être pratique.
Molette
Difficile de ne pas voir dans la molette une inspiration du Sony DMP-Z1. On ne peut pas rater ce gros bouton doré plaqué or. Vite salissant, il n’en reste pas moins très efficace pour gérer le volume avec précision.
Les crans sont bien marqués, la rotation hyper-fluide : c’est un régal d’utiliser cette molette de volume. Contrairement au FiiO M17, il n’y a pas de réglage du son via des boutons.
Notez aussi que cette molette fait office de bouton poussoir pour l’alimentation et l’allumage de l’écran, comme sur un baladeur classique. En revanche, il n’y a aucun contrôle physique pour la musique, tout passe par l’écran tactile. J’avoue que j’ai eu du mal les premiers temps…
Indicateur LED
Bien que l’essentiel de l’interface se situe au niveau de l’écran, sur le dessus du Shanling M30, il y a un petit indicateur LED sur l’avant de l’appareil. Celui-ci indique le niveau de volume actuel.
Il est secondé par deux LED : la première indique si le streamer center est en charge, la seconde indique le niveau de batterie. Ces deux diodes sont presque invisibles, au point qu’on les oublie assez vite pour basculer sur l’écran tactile, plus confortable à lire.
Look
Globalement, le Shanling M30 reste très sexy avec ses courbes arrondies et son design de gros DAP. Le module DAC est particulièrement sympa avec ses deux ouvertures transparentes qui laissent apercevoir la carte son avec ses deux AK4497. Shanling pousse le vice jusqu’à permettre de changer la couleur de l’éclairage des gravures sur les deux parties translucides. Inutile donc totalement indispensable pour les geeks !
Le Shanling M30 parait bien solide, avec sa coque en aluminium. Même les parties en verre sur les modules semblent aptes à résister aux chocs. Il faudra juste prendre soin de retirer les modules de temps en temps pour enlever la poussière qui peut s’accumuler dans les interstices. Un petit coup de chiffon sur la molette et le verre ne sera pas non plus du luxe tant ça attrape les traces de doigts.
Système d’exploitation
Le Shanling M30 est doté d’un module de contrôle qui fonctionne sous Android 7.1. Le logiciel est cependant lourdement modifié pour s’adapter à l’écran horizontal et surtout outrepasser les limitations sonores de l’OS de Google.
Écran
Avant d’aborder le logiciel, parlons un peu de l’écran. À cause du form factor particulier du M30, la dalle est conçue pour un affichage en mode paysage, a contrario du classique écran vertical des smartphones et baladeurs.
L’écran du Shanling M30 utilise de l’IPS. La dalle est tactile et offre une définition Full HD, ce qui est assez rare même sur les DAP haut de gamme. Il n’y a pas de luminosité automatique, nous ne sommes pas sur un smartphone !
Le rendu final est plutôt sympa. Il faut cependant déplorer une fuite de lumière sur le côté gauche de l’écran. Ce n’est pas spécialement gênant, mais ça fait toujours un peu tâche sur du matos aussi cher…
Interface
Shanling n’en est pas à son coup d’essai en développement sur Android. Mais pour le Shanling M30, la marque doit innover un peu afin d’adapter l’utilisation à l’écran horizontal.
Menu principal
On se trouve ainsi avec une surcouche lourdement modifiée, qui privilégie la simplicité. Le menu principal présente huit icônes et un mini-lecteur de musique. Chaque sous-menu est conçu de la même façon, avec de grosses icônes. Ça a le mérite d’offrir une bonne lisibilité.
On retrouve dans le menu principal les éléments suivants :
- Mise à jour de la librairie
- Musique locale
- Playlist
- Dossier
- Streaming service
- Internet Service
- Changer de source
- Options
Les traductions ne sont pas toujours les plus précises. Par exemple, le menu « Internet Service » concerne les options de connexion à un NAS local et la projection Wi-Fi. Il n’y a au final aucun rapport avec Internet…
Paramètres
Le seul point qui permet de voir qu’on est bien sur Android 7.1 est le menu des paramètres. Ce dernier vous rappellera certainement celui de votre smartphone, mais en plus dépouillé. Shanling se débarrasse de pas mal d’options pour garder l’essentiel.
En dehors de quelques options d’affichage, le choix de la langue ou le contrôle des éclairages, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le Shanling M30 se veut simple d’approche.
En fait, c’est dans le menu consacré à l’audio que vous trouverez la plus grande portion de réglages : volume pré-défini, balance, filtres, codecs Bluetooth, réglage du gain… La plupart de ces paramètres sont d’ailleurs accessibles depuis les raccourcis rapides, que vous pouvez voir en faisant glisser le doigt du haut vers le bas de l’écran.
Gestion de bibliothèque
Comme tout baladeur audiophile, l’interface du Shanling M30 permet de gérer avec pas mal de précision votre bibliothèque musicale.
Le scan de la librairie est la première étape. Une fois que c’est fait, la lecture de la musique stockée en local se fait via le menu éponyme, séparé en quatre catégories :
- Chansons
- Artistes
- Albums
- Genre
Vous pouvez ensuite faire des tris par ordre alphabétique, par durée, par nom de fichier, etc… C’est plutôt complet. Il manque quand même la possibilité de faire un tri par date d’ajout ou par compositeur.
Services de streaming
Le Shanling M30 peut non seulement lire la musique stockée sur un disque dur ou une micro-SD, mais aussi se connecter à la plupart des services de streaming audio du moment.
Il semble que les applications sont pré-installées dans la mémoire interne. Il suffit juste de les activer dans le menu « Streaming services » selon vos besoins. Qobuz, Tidal, Spotify, Deezer, Amazon Music, Apple Music sont de la partie. Les apps que j’ai essayé fonctionnent bien, mais le SoC assez poussif demande un peu de patience. De plus, l’affichage horizontal n’est pas toujours adapté à ces applications Android qui sont conçues pour des écrans verticaux.
Il faut aussi préciser un point qui me semble important : il n’y a pas de Play Store. Les mises à jour des services de streaming sont donc dépendantes de Shanling. Si la marque laisse tomber le suivi logiciel de son M30, il n’est pas sûr que votre service audio en ligne préféré continue de fonctionner correctement dans le futur…
Connectivité sans-fil
Le Shanling M30 n’oublie pas les amateurs de Wi-Fi et Bluetooth. Non content de mettre à notre disposition les applications de streaming habituelles, le baladeur XXL permet aussi d’utiliser une pléthore d’appareils sans-fil.
Si vous avez un NAS, le M30 sera capable de lire les musiques stockées dessus. Mieux encore, le streamer est capable de servir lui-même de serveur DLNA. Mettez un gros disque dessus, activez le service en partageant les dossier que vous désirez et vos musiques seront accessibles n’importe où dans la maison. Pas mal, non ?
Autre atout du Shanling M30 : la possibilité de l’utiliser comme récepteur AirPlay. Si vous avez un Mac, un iPhone ou un iPad, vous pourrez lire vos musique à distance via le M30, avec la qualité audio qui va avec.
N’oublions pas non plus le Bluetooth bi-directionnel. Les codecs les plus exigeants sont intégrés, dont le LDAC et le LHDC.
Projection Wi-Fi
Vous aimez glander dans le canapé ? Vous avez la flemme de bidouiller votre lecteur en vous levant ? Pas de soucis, le Shanling M30 a sa propre solution avec la « projection Wi-Fi ».
Ce système permet de contrôler le baladeur géant à distance via Wi-Fi. Pour ça, il suffit d’installer l’application Eddict Player sur votre iPhone ou Android. Une fois le M30 détecté, son écran sera recopié sur celui du téléphone, accessible n’importe où du moment que vous restez à portée de Wi-Fi.
Ce système fort pratique impose quand même quelque contraintes. Il faut ainsi que l’écran du streamer reste allumé en permanence, ce qui peut vite gréver l’autonomie. De plus, la réactivité est loin d’être optimale. Si votre connexion Wi-Fi n’est pas au top, vous aurez pas mal de saccades dans la navigation. Autre point noir : impossible de changer le volume du Shanling M30 depuis le smartphone.
La projection Wi-Fi reste néanmoins une super idée, j’en suis vite devenu fan !
Lecteur audio Shanling
Que serait un baladeur numérique sans son lecteur dédié ? Sans surprise, Shanling ressort son application maison, mais adaptée pour l’afficheur horizontal.
L’essentiel est là, avec des contrôles complets pour la lecture séquentielle, en boucle, aléatoire, etc… On peut facilement créer des listes de lecture et ajouter des morceaux en favoris. Il est même possible de basculer sur un affichage imitant un vu-mètre.
Le lecteur de musique peut bien entendu afficher les méta-données du morceau en cours. Il est cependant impossible de les modifier directement depuis le Shanling M30.
Le plus gênant reste à mon sens l’absence de la lecture sans blancs, ou gapless en anglais. Shanling ne semble pas décidé à ajouter cette option sur ses baladeurs. Et vu qu’on ne peut pas installer d’autres appli de lecture, ça peut vite devenir embêtant quand on veut écouter un concert live par exemple…
Bugs, manques et autres joyeusetés
Avant de passer à la partie son, il me semble nécessaire de faire un petit point sur les bugs qui émaillent l’expérience logicielle du Shanling M30. Car si le matériel est maitrisé, il n’en va pas forcément de même pour la partie logicielle. Ce qui peut vite devenir rageant sur du matériel à plus de 3500€…
Le bug le plus grave provient de la prise XLR symétrique. En effet, il est impossible de la faire fonctionner à moins de brancher un câble en simultané sur une autre prise casque. Ce bug existe aussi sur le Shanling EM5 et n’a toujours pas été résolu. Donc si vous utilisez régulièrement du XLR à 4 pins, il faudra dégoter un câble secondaire pour en profiter.
L’autre point qui fait grincer des dents, c’est la relative lenteur du SoC. Le Snapdragon 430 est loin d’être véloce. Ça se ressent particulièrement quand on utilise les services de streaming. Il ne faut pas tenter d’aller trop vite dans les menus sous peine de planter le M30. Ajoutez à ça quelques traductions mal faites et des petits bugs d’affichage (dans le menu de la batterie par exemple).
Sur un appareil à ce prix, ça fait quand même bien grincer des dents…
Qualité sonore
Casques et intras de test : Focal Celestee, Hifiman HE-R7DX, Harmonicdyne Poseidon, Sivga Phoenix, Sivga Robin, Meze 99 Noir, Tingker TK300, Shanling AE3
Avoir un OVNI sur le bureau, c’est toujours cool. Reste à savoir sur le Shanling M30 est à la hauteur côté audio.
Une fois de plus, ce gros streamer portable aborde les choses avec une façon bien à lui, ce qui pourra peut-être frustrer certains utilisateurs.
Puissance
Je vous propose de commencer par parler de la puissance du Shanling M30. Jusqu’à présent, je ne l’avais pas évoqué. Et pour cause : il y a énormément de sorties et de réglages de gain. Alors je vais vous faire un petit résumé simplifié :
- Sorties asymétriques : de 12.7 mW à 500 mW (à 32 Ω)
- Sorties symétriques : de 45 mW à 1530 mW (à 32 Ω)
Ne hurlez pas au crime face aux plus petites mesures, elles ont un réel intérêt. En effet, la course à la puissance effrénée que se livrent les constructeurs a tendance à laisser sur le carreau les utilisateurs d’intras peu gourmands au profit des possesseurs de gros casques.
En gain bas, le Shanling M30 se débrouille parfaitement pour driver les écouteurs filaires les plus sensibles, sans montrer le moindre signe de bruit en arrière-plan. Et ça, c’est rare !
Bon, par contre, il faudra obligatoirement passer sur une sortie symétrique avec le gain haut ou turbo pour utiliser un casque de forte impédance ou du planaire. Mais le baladeur en a suffisamment sous le pied pour alimenter la très vaste majorité du marché.
Qualité sonore
Allez, je ne vous fait pas languir plus longtemps. Parlons son !
Le Shanling M30 utilise dans son module DAC un duo de puces AK4497EQ, des modèles éprouvés pour leur qualité. Et ça se ressent sur le son, qui conserve la signature propre à la marque.
Le baladeur géant nous offre une restitution légèrement chaleureuse, avec un petit appui sympathique dans le bas du spectre. En fait, on dirait le son d’un Shanling M3X mais avec une meilleure extension dans les aigus et une scène plus large, ainsi qu’une meilleure aération.
Les amateurs de neutralité pure passeront leur chemin, de même que les personnes qui veulent un son tranchant. Le Shanling M30 est destiné aux audiophiles friands de sonorités vivantes mais néanmoins douces.
Tubes
Tout comme le Cayin N3 Pro, le baladeur audio de Shanling embarque des tubes, ici de marque Korg. Ça signifie que vous pouvez changer le rendu sonore à la volée.
Une fois les tubes préchauffés, le son gagne en chaleur et en douceur. L’effet est toutefois assez minime, tout comme sur le N3 Pro. Ça permet quand même de bénéficier d’une autre signature sonore, à ajuster selon vos goûts et votre matériel.
Bien entendu, les tubes sont fournis sous forme de modules et pourront donc être changés dans le futur. Avouez que c’est plutôt sympa comme concept !
Gains et filtres
Avant de passer à l’autonomie, jetons un oeil sur les divers réglages de gain. On en dénombre quatre en tout : bas, moyen, haut et turbo. Chacun permet de jouer sur la puissance de sortie et donc d’adapter l’écoute au matériel.
La bonne nouvelle, c’est que le mode turbo ne nécessite pas un branchement du Shanling M30 au secteur, comme c’était le cas pour le FiiO M17. Donc même sur batterie, vous pourrez alimenter des casques très gourmands sans problème. Et ça, c’est plutôt cool !
Autonomie
Il est temps de conclure ce test du Shanling M30, mais pas avant d’avoir parlé un peu de l’autonomie. Avant tout, sachez que mon M30 de test est un modèle d’occasion qui a déjà été utilisé durant plusieurs mois. C’est peut-être ce qui explique les résultats assez médiocres que j’ai obtenu.
En effet, je n’ai jamais réussi à atteindre les temps donnés par le constructeur, peu importe le matériel utilisé. Le module batterie de 16500 mAh semble avoir du mal à tenir ses promesses. Là où Shanling assure une durée d’écoute comprise entre 12.5h et 17.5h, je n’ai jamais réussi à aller au-delà de 9h grand maximum. Et je n’utilise pas du matériel gourmand…
Est-ce un manque d’optimisation d’Android ? Est-ce une usure prématurée de la batterie ? Difficile à dire. L’autonomie est au final en marge avec la plupart des baladeurs du marché. Le M30 tiendra une journée de boulot à peu près. Vu son orientation relativement sédentaire, je vous recommande de privilégier l’alimentation secteur.
Conclusion Test Shanling M30
Difficile pour moi d’évaluer le Shanling M30. Il est clair que j’adore le concept modulaire, qui permettra dans le futur de garder les composants à jour sans avoir à tout racheter. J’adore aussi la grande polyvalence de ce streamer center, qui est capable de presque tout. Et n’oublions pas le son, d’excellente facture avec la possibilité de changer de signature grâce aux tubes et futurs modules.
Mais il m’est aussi difficile d’oublier les défauts qui viennent ternir l’expérience. Entre une prise XLR qui ne fonctionne pas comme elle devrait, les plantages du logiciel et le manque de puissance du SoC, on en vient parfois à râler contre le Shanling M30.
À 3600€ l’unité, sans compter les modules additionnels, il est inadmissible pour moi de devoir composer avec une partie logicielle si mal gérée. J’espère que les futures mises à jour résoudront les soucis rencontrés. Le Shanling M30 a un énorme potentiel mais il est n’est pas totalement exploité en l’état.
L’avis de ChiFi.fr
Résumé
Il est clair que le Shanling M30 ne conviendra pas à tous. Véritable OVNI dans le monde de la Hi-Fi, ce baladeur/DAC/streamer/machine à café est bourré de potentiel grâce à sa conception modulaire. Et malgré son poids de 3 kg, il reste plus simple à transporter que du matériel plus sédentaire.
Il faut cependant composer avec une surcouche Android pas toujours bien travaillée, avec quelques bugs frustrants. Sa puissance pas très élevée pourra aussi refroidir les utilisateurs de casques exigeants. Quant à l’autonomie, elle déçoit aussi (mais ça peut provenir de mon modèle d’occasion).
Je recommande toutefois le Shanling M30 aux personnes qui veulent un produit très polyvalent, transportable et qui sort clairement des sentiers battus. Malgré ses défauts de jeunesse, il a un beau potentiel qui ne demande qu’à mûrir dans le futur.
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